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L’attractivité et l’avenir de la profession comptable à l’horizon 2040 – Étude complète

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L’attractivité et l’avenir de la profession comptable à l’horizon 2040 – Étude complète

« L’avenir n’est pas ce qui va arriver,
mais ce que nous allons faire ».

Henri Bergson

Introduction

Depuis près de soixante-quinze ans, les experts-comptables sont des acteurs incontournables de l’économie française. Forts de plus de 21 000 professionnels exerçant au sein de 17 000 cabinets, ils demeurent le principal soutien des entreprises dans les temps forts de leur activité, qu’il s’agisse d’accompagner le lancement de l’entreprise, sa croissance ou encore les moments plus difficiles qui jalonnent la vie des entrepreneurs. Parce qu’ils sont au cœur de la vie économique, en proximité directe avec les entreprises, ils ont aussi pour mission de faciliter leur adaptation aux grandes transformations de notre société.

Mais la crise économique qui fait suite à la crise sanitaire de la Covid-19 aura des répercussions durables pour les experts-comptables et les missions qu’ils effectuent pour le compte de leurs clients. Selon une étude Xerfi publiée en octobre 2020 et consacrée à la réponse des cabinets face à la crise, le marché de l’expertise comptable devrait se contracter d’environ –2,0 % en 2021, à 11,3 milliards d’euros, après un net ralentissement observé en 2019-2020 (+0,5 %), alors que le marché avait progressé d’environ +3 % par an au cours de la dernière décennie. Sur un plan économique notamment, la politique de taux bas de la Banque Centrale Européenne devait certes favoriser l’activité en permettant aux entreprises d’accéder à des financements plus facilement. Pour autant, ces financements octroyés à l’économie n’ont pas été répartis de façon homogène de sorte que les plus petites et moyennes entreprises, accompagnées notamment par les plus petits cabinets, n’ont pas bénéficié aussi largement des effets escomptés. Cela a ainsi pu avoir des conséquences sur le développement des cabinets eux-mêmes.

La tendance déflationniste observée sur le marché français de l’expertise comptable, au cours des deux dernières années, peut s’expliquer par trois facteurs majeurs :

  1. le contexte macro-économique particulièrement difficile tiré par la baisse historique du PIB en 2020 (–8,3 % selon les derniers chiffres de l’Insee) et la dégradation du climat des affaires ;
  2. la hausse des défaillances de PME et de TPE qui devraient progresser de +25 % par rapport à 2019, selon la Coface portant le nombre de liquidations judiciaires à environ 75 000 en 2021, soit un quasi-doublement par rapport aux chiffres observés en 2020 ;
  3. les pressions à la baisse des honoraires en raison des difficultés de trésorerie de nombreuses PME cherchant à réduire le poste « honoraires et charges externes ».

Au-delà de ces facteurs conjoncturels qui vont peser à court et moyen termes sur la performance et le niveau de rentabilité des cabinets, la profession d’expertise comptable doit faire face à une transformation bien plus radicale de son cadre d’intervention, qui devrait entraîner un changement profond du business model de nombreux cabinets sous l’effet de trois mutations majeures : la numérisation accélérée des activités comptables et le développement de l’intelligence artificielle (IA), le vieillissement de la profession nécessitant un renouvellement durable des équipes et de leurs compétences et, enfin, le renforcement des enjeux écologiques et climatiques.

En premier lieu, la disruption opérée sur le marché du travail par le développement des technologies numériques et d’offres 100 % digitales, couplée aux progrès très rapides observés en matière d’IA et de data science, vont durablement transformer la profession d’expertise comptable. Jusqu’à présent, les cabinets ont saisi de manière inégale les défis de l’appropriation technologique. Alors que certains cabinets ont bien compris les mutations en cours des métiers, s’inscrivant dans des logiques de renouvellement stratégique et organisationnel, d’autres restent attachés à des modèles traditionnels. Le métier, le type de mission et les relations que les experts-comptables entretiennent avec leurs clients devraient être bouleversés dans les prochaines années, entraînant une profonde recomposition du secteur. La tendance qui s’opère est à la désintermédiation des missions comptables de base, portées par les entreprises de la « tech » (comptatech, fintech, regtech, etc.), développant des logiciels et des algorithmes de plus en plus perfectionnés. Les concentrations de cabinets au sein de la profession, favorisées notamment par le départ en retraite d’indépendants, accélèrent ce clivage avec des groupes en construction qui investissent largement dans une optimisation de leurs processus et un recours à des technologies à toutes les étapes de leur chaîne de valeur. Management par les processus, lean management, intelligence artificielle (IA), blockchain sont autant de solutions organisationnelles et technologiques qui devraient bouleverser la vie des entreprises et des cabinets dans la prochaine décennie. De nombreux postes de collaborateurs comptables, affectés à des tâches répétitives avec peu de valeur ajoutée pour les clients (saisie comptable, émission de liasse, déclarations fiscales), seront amenés à évoluer.

En second lieu, et c’est en partie l’une des conséquences de cette première mutation, cette évolution tient à la nécessité de rajeunir la profession, dont l’âge moyen est supérieur à cinquante ans (ce qui est sensiblement supérieur à l’âge moyen des salariés en France) et de développer de nouvelles compétences afin de s’adapter aux besoins des clients. Depuis de nombreuses années, la profession souffre d’une certaine désaffection et d’un déficit d’image important auprès des jeunes générations, auxquels s’ajoute une grille de rémunération souvent inférieure à ce que peuvent proposer les entreprises pour un niveau de qualification équivalent.

Un constat qui pose la question du renouvellement démographique de la profession. Cette situation entraîne par ailleurs un turnover important au sein des cabinets, souvent incapables de fidéliser leurs talents. L’arrivée de la génération des millennials sur le marché du travail a renforcé ce phénomène depuis quelques années. En particulier, les attentes et valeurs sont beaucoup moins homogènes, remettant en question les leviers RH traditionnels des cabinets.

On peut toutefois souligner que sur un plan démographique, la féminisation est un des éléments les plus marquants des trente dernières années. Les femmes accèdent en effet davantage à des fonctions d’expert-comptable, créent leur cabinet, occupent des postes à responsabilités dans les institutions représentatives.

En troisième lieu, la profession est confrontée à un défi plus global : il touche l’ensemble des activités économiques, et notamment celles des services aux entreprises. Ce défi tient aux conséquences économiques et sociales du changement climatique et à la nécessité de « verdir » la croissance économique. Ce bouleversement doit passer à la fois par une meilleure compréhension des enjeux, une capacité d’action renouvelée et une manière de rendre davantage compte des enjeux sociaux et environnementaux liés à la transition écologique. Les experts-comptables ont de ce point de vue une place toute particulière à prendre dans cette transformation, en apportant leur expertise au profit des chefs d’entreprise et des décideurs publics. Ils pourront trouver rapidement de réels relais de croissance autour de la comptabilité carbone ou dans l’accompagnement des dirigeants dans la mise en place d’indicateurs de responsabilité sociale et de performance globale.

Face à ce triple défi, les experts-comptables disposent de nombreux atouts qu’ils ont parfaitement su mobiliser pour s’adapter rapidement, lors de la crise sanitaire en 2020. Dans un premier temps, les experts-comptables ont assuré la parfaite continuité de leur activité auprès de leurs clients et des administrations publiques, pour lesquelles ils se sont révélés être des interlocuteurs très efficaces pour relayer les politiques de soutien à l’économie et notamment en faveur des activités les plus touchées par la crise (hôtellerie, restauration, tourisme, aéronautique). Dans un second temps, les experts-comptables ont pu préparer leur rebond en actionnant trois leviers principaux :

  1. le passage quasi généralisé au télétravail en quelques jours ;
  2. la flexibilisation de la structure de coûts des cabinets ;
  3. le redéploiement de l’offre de services, afin de répondre aux besoins de financement de leurs clients.

L’objectif de cette étude consiste précisément à interroger le rôle des experts-comptables dans une dimension globale, à la fois économique, réglementaire, sociale et sociétale, afin de dresser les contours de ce que pourra devenir cette profession essentielle au bon fonctionnement de l’économie française, à l’horizon 2040. La profession, vieille de trois quarts de siècle, s’adapte pour accompagner notre société en transition et rester attractive : attractive vis-à-vis de ses clients entrepreneurs en demeurant le référent de la gestion de l’information et du conseil dans un monde où (on le détaillera plus tard), le numérique révolutionne la notion même de data, définit de nouveaux modèles de production de l’information et, avec eux, le rapport homme/machine ; attractive également vis-à-vis des collaborateurs qui ont la mission déterminante pour la transition de la société, de participer à ce changement de référentiel tant dans les pratiques des entreprises que dans la capacité à rendre compte. Il s’agit dans le même temps d’attirer de nouvelles forces vives et de les fidéliser à ce métier, en valorisant de nouveaux modèles managériaux et en renforçant l’individualisation des parcours.

Cette étude a été menée par Vincent Maymo, Jean-Étienne Palard et Christian Prat dit Hauret dans le cadre de l’institut Sofos, soutenu par le conseil régional de l’ordre des experts-comptables de Nouvelle-Aquitaine. Ce travail est d’abord issu d’une série d’entretiens réalisés auprès d’une trentaine d’experts-comptables de la Nouvelle-Aquitaine travaillant dans des cabinets de toute taille, au cours des mois de janvier, février et mars 2021.

Ces entretiens ont permis de faire émerger neuf thématiques qui nous semblent fondamentales pour esquisser ce que pourraient être les contours de la profession d’expert-comptable à l’horizon 2040. L’objectif de cette étude consiste également à formuler des propositions qui seront discutées en conclusion du rapport.

Enfin, rappelons que cette étude reste circonscrite aux cabinets d’expertise comptable et ne traite pas des problématiques auxquelles les commissaires aux comptes sont plus spécifiquement confrontés depuis, notamment, l’instauration de la loi Pacte, en 2018.

Sommaire

Partie 1 – Diagnostic : l’expertise comptable, une profession face à un tournant de son histoire 
Note 1 – La vision actuelle du métier de l’expertise comptableP. 7
Note 2 – L’identification des besoins des entreprises et des entrepreneurs : quelle proposition de valeur dans l’offre de services des cabinets ?P. 13
Partie 2 – Les défis à relever pour la profession comptable 
Note 3 – Les axes de développement des cabinets d’expertise comptable : une consolidation du marché accélérée par la crise de la Covid-19 ?P. 26
Note 4 – Vers un modèle de cabinets d’expertise comptable spécialisés ou pluridisciplinaires ?P. 39
Note 5 – Les cabinets d’expertise comptable face à la gestion des compétences et des talentsP. 54
Note 6 – La digitalisation de l’activité et l’impact sur la relation avec les clientsP. 66
Note 7 – Le rôle de l’expert-comptable face à l’enjeu du développement durableP. 76
Phase 3 – Conclusion : quels scénarios à l’horizon 2040 ? 
Note 8 – Comment renforcer le conseil dans l’offre de services des cabinets d’expertise comptable ?P. 87
Note 9 – Quelle vision du métier d’expert-comptable à l’horizon 2040 ? De nouvelles compétences, pour de nouveaux défis !P. 103

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L’attractivité et l’avenir de la profession comptable à l’horizon 2040

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